Du succès à la controverse, Carlos Ghosn, ancien PDG de Nissan-Renault, a souvent fait la une des journaux pour ses réalisations professionnelles autant que pour ses déboires personnels. Retour sur l’ascension rapide d’un homme d’affaires franco-libano-brésilien et son rôle essentiel dans le secteur automobile mondial.
Un début de carrière fulgurant
Carlos Ghosn est né au Brésil en 1954, issu d’une famille libanaise et élevé ensuite au Liban puis en France où il étudie à l’école Polytechnique et obtient un diplôme d’ingénieur. Il débute sa carrière chez le groupe Michelin en 1978 et gravit les échelons rapidement, devenant président de la branche nord-américaine en seulement huit ans.
En 1996, il rejoint Renault comme vice-président exécutif en charge des activités avancées, achats et infrastructures du groupe. C’est à ce poste qu’il se fait remarquer pour ses stratégies audacieuses et efficaces en termes de réduction des coûts et d’amélioration de la production.
Le « cost killer » prend les rênes de Nissan
Forts de ces succès avec Renault, Carlos Ghosn est nommé directeur général de Nissan en 1999 suite à la prise de participation de Renault dans le constructeur nippon en difficulté. L’arrivée du « cost killer » comme on l’appelle alors, marque un tournant pour la compagnie japonaise en péril : Ghosn met en place des réformes d’envergure qui permettent à Nissan de retrouver sa rentabilité en moins de deux ans.
En 2001, il devient Président-Directeur Général de Nissan et en 2005, PDG de Renault-Nissan, faisant ainsi de l’alliance l’un des principaux acteurs de l’automobile mondiale. Sous son impulsion, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi se développe avec succès, notamment grâce à leurs investissements dans les véhicules électriques et leur volonté de créer une mobilité toujours plus durable et respectueuse de l’environnement.
De l’apogée au scandale
Toutefois, derrière ces succès professionnels, Carlos Ghosn doit faire face à plusieurs accusations portées par Nissan. En effet, dès 2018, des soupçons de mauvaise gestion et d’utilisation abusive des fonds de l’entreprise émergent et entraînent la dégradation de ses relations avec le constructeur nippon.
Il est arrêté au Japon en novembre 2018 puis inculpé pour abus de confiance aggravé et pour avoir dissimulé une partie de ses revenus auprès des autorités fiscales japonaises. Ces événements marquent le début d’une longue bataille juridique et médiatique, qui jette le discrédit sur l’ancien patron emblématique de l’alliance automobile.
La fuite rocambolesque du Japon vers le Liban
Après plusieurs mois de détention au Japon, Carlos Ghosn s’évade spectaculairement en décembre 2019, prétendument caché dans une caisse d’instruments de musique. Il réussit ainsi à rejoindre le Liban où il reste actuellement en liberté, malgré les demandes d’extradition formulées par la justice japonaise.
Depuis lors, il clame son innocence et dénonce un « complot » contre lui, orchestré selon lui par Nissan pour mettre fin à ses projets de renforcement de l’alliance avec Renault. Le gouvernement japonais, de son côté, continue de réclamer son extradition tandis que des procédures sont engagées aux États-Unis et en France sur des faits similaires.
L’ombre de Carlos Ghosn pèse toujours sur l’alliance
Malgré les nombreux scandales qui entourent Carlos Ghosn, son empreinte sur l’industrie automobile mondiale est incontestable. L’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est aujourd’hui le plus grand groupe automobile mondial en termes de ventes, progressant chaque année grâce aux efforts conjoints de ses membres pour innover et satisfaire les besoins des clients.
Néanmoins, les tensions nées des affaires Ghosn ont eu des conséquences notables sur l’alliance, dont la relation entre Nissan et Renault se trouve fragilisée.En janvier 2021, Nissan a lancé un plan de restructuration visant à réduire ses coûts et à renouer avec la rentabilité, sans pour autant rompre les liens avec Renault.
Quel avenir pour Carlos Ghosn ?
Depuis son exil au Liban, l’ancien patron de Renault-Nissan tente de démontrer son innocence tout en continuant de s’exprimer sur les défis de l’industrie automobile mondiale. Sa voix et ses connaissances demeurent pertinentes, malgré le discrédit dont il fait l’objet.
Toutefois, son avenir reste incertain, tant juridiquement qu’en ce qui concerne sa possible reconversion professionnelle. Les poursuites internationales à son encontre rendent toute activité compliquée, et il semble peu probable que les constructeurs automobiles fassent appel à lui comme consultant ou conseiller.
Quant à l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, elle devra composer avec les séquelles laissées par les scandales et continuer d’évoluer dans un contexte concurrentiel toujours plus agressif sur le marché mondial de l’automobile.